Théâtre  |  1h20

Repose

D’après Requiem d’Hanokh Levin

UNE CRÉATION DE LA TROUPE Théâtralacs • TEXTE Hanokh Levin • MISE EN SCÈNE Jean-Claude Moreau • MUSICIEN Johan Chenet AVEC Adrien Brelaud, Dominique Deschamps, Lucas Henner, Jackie Momot, Jean-Claude Moreau, Pascale Rondeaux, Alice Urban ET Quentin Weinling

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Théâtralacs aborde une pièce emprunte d’humanité, de solitude et pourtant d’une absolue compassion  à l’égard de notre condition. Hanokh Levin, auteur israélien prolixe  (1943-1999), à partir de trois nouvelles de Tchekhov avec le titre original « Requiem », y  fait la preuve d’une poétique pleine de paradoxes et d’une grande fantaisie expressive.

« Notre bourgade, Popka, était pire qu’un village. N’y habitaient que des vieux qui mouraient au compte-gouttes. Faut dire qu’il n’y avait pas de guerres et pas non plus de grandes épidémies. A croire que les gens faisaient exprès de rester en vie. De s’y accrocher comme de la mauvaise herbe. Bref, ça ne marchait pas fort pour le fabricant de cercueils que j’étais. » Extrait de Requiem

Hanokh LEVIN : Né à Tel-Aviv en 1943, mort en 1999.

 

Figure majeure du théâtre israélien contemporain, il a laissé une cinquantaine de pièces et plusieurs recueils de poésie et de prose. C’est en réaction à la vague de triomphalisme qui submerge son pays au lendemain de la guerre des Six Jours (1967) que cet homme à la pensée d’une rare liberté, commence à faire entendre sa voix, sous forme d’un spectacle de cabaret politique : Toi, moi et la prochaine guerre. Le spectacle déclenche un tollé et est retiré de l’affiche après quelques représentations.

Levin récidive en 1969 puis en 1970, attaquant, avec de plus en plus de virulence, les valeurs politiques, militaires et morales adoptées par une très large majorité de la société israélienne de l’époque.
Avec une perspicacité peu commune, Levin n’a de cesse de mettre en garde ses concitoyens contre les conséquences délétères d’une occupation prolongée des territoires conquis. Cependant, ce sont ses comédies qui, à partir de 1972, lui ouvrent les portes du monde théâtral.
Yaacobi et Leidental, qui sera aussi sa première mise en scène, marque le début de ce que l’on peut appeler « l’ère Levin » en Israël. Dès le début des années 80, il travaille sur toutes les grandes scènes de son pays, commence à interroger de nouvelles formes d’écriture et d’images scéniques, puise dans les grands mythes universels (mythes bibliques, tragédies grecques, théâtre épique, …) afin de créer un « drame moderne », au service duquel il met son langage théâtral si particulier, mélange de provocation, de poésie, de quotidien, d’humour et d’une tendresse fondamentale pour le genre humain. Consacré dans son pays par les prix israéliens les plus prestigieux, il n’en continue pas moins d’affirmer ses opinions à travers des textes écrits au vitriol, ce qui lui vaut en 1982 de voir censurée une partie de sa pièce Le Patriote et, en 1997, de déclencher un nouveau tollé avec Meurtre qui a pour toile de fond la 1re intifada, l’assassinat d’Isthak Rabin et l’échec annoncé des accords d’Oslo.

En 1999, se sachant malade, il met en scène sa propre mort dans une ultime pièce, Les Pleurnicheurs. L’action se déroule dans un département de soins palliatifs où les médecins jouent, pour « divertir » leurs patients, la tragédie d’Agamemnon… Le 18 août 1999, il s’éteint après un combat de trois ans contre le cancer. Empêtrés dans l’inadéquation entre leurs aspirations et les moyens qu’ils mettent en œuvre pour les réaliser, tous les héros de Levin ont l’humanité entêtée, âpre, mauvaise, mais en même temps naïve et bouleversante.
Laurence Sendrowicz.

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